Le Conseil d'État français a levé hier 24 janvier l'interdiction de vente de fleurs et de feuilles de chanvre contenant du CBD (cannabidiol), a annoncé le AFP (Agence France Presse) C'est le Le Monde. La plus haute autorité administrative de France avait été déclenchée par les agriculteurs et les professionnels de la filière chanvre, qui entendait suspendre en urgence une ordonnance du ministère de la Santé du 30 décembre, qui interdisait la possession ou la vente de fleurs ou de feuilles de la plante contenant du CBD. La France est le premier producteur de chanvre en Europe, avec des entreprises investir des millions dans le secteur.
Dans l'ordonnance, le Conseil d'État a estimé qu'"il ne ressort pas de l'instruction (…) que les fleurs et feuilles de chanvre dont la teneur en THC [delta-9-tétrahydrocannabinol, la molécule psychotrope du cannabis] n'excède pas 0,30 % aient un degré de nocivité pour la santé justifiant une interdiction générale et absolue de sa vente au consommateur et de sa consommation ». La suspension est provisoire, en attendant que l'instance "se prononce définitivement sur le fond de la légalité de l'arrêté attaqué", explique un communiqué.
L'État français devra désormais verser la somme totale de 13 mille euros aux treize entreprises candidates à la culture du chanvre dans le pays.
La France comptait environ 400 magasins CBD début 2021
Selon Le Monde, la France comptait environ 400 magasins CBD début 2021, mais il y en a désormais près de quatre fois plus. Le chiffre d'affaires du secteur est estimé par les syndicats à environ un milliard d'euros, les deux tiers provenant de la vente de fleurs et feuilles brutes.
Aurélien Delecroix, président de l'Union du chanvre, a déclaré au Monde : "Pour nous, c'était une épine dans le pied, on était désespéré et ça mettait en péril toute la filière. L'horizon s'éclaircit, mais tout reste à faire ».
Aussi Uzan-Sarano, avocat du syndicat du chanvre, a déclaré que "le ministère a tenté de défendre un argument de santé publique qui, de toute façon, n'a pas tenu le coup" et Xavier Pizarro, avocat du Syndicat des professionnels du CBD, a salué une décision qui témoigne à un « domaine du droit européen, où le gouvernement veut faire un coup politique ».
La Confédération des bureaux de tabac a réitéré, de son côté, sa demande que "la vente de produits au CBD soit encadrée par des règles claires, rassurantes et pérennes", déplorant "un nouveau revirement" qui "plonge une nouvelle fois le marché du CBD dans la confusion", dans l'attente d'une décision.
La Cour de justice européenne avait déjà statué favorablement en 2020
En novembre 2020, le Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a jugé que l'interdiction de la vente de CBD entre États membres, autorisée dans plusieurs pays européens, au nom du principe de libre circulation des marchandises. La justice européenne a estimé que le CBD n'avait "aucun effet nocif sur la santé" et ne pouvait être considéré comme un stupéfiant. La Cour de cassation, la plus haute juridiction de l'ordonnance judiciaire française, a emboîté le pas en juin 2021, considérant que tout CBD produit légalement dans l'UE pouvait être vendu en France.
Ces décisions sont intervenues à la suite de l'affaire KanaVape, où les Français Sébastien Béguerie a été acquitté. S'adressant à Cannareporter, Sébastien a maintenant déclaré qu '«une fois de plus, c'est la réalité qui rattrape l'idéologie politique et reconfirme le jugement Kanavape sur la légalité et la sécurité du CBD sous toutes ses formes, y compris la fleur, dans l'espoir que la France puisse enfin réguler de manière pragmatique ce marché florissant ».